À
New York, Kate élève seule sa fille de 15 ans, Amelia. Très proches, elles
n'ont pas de secrets l'une pour l'autre. Jusqu’à ce matin d'octobre, où elle
reçoit un appel du lycée qui lui demande de venir de toute urgence. Elle ne
reverra plus jamais Amelia : celle-ci a sauté du toit de l'établissement.
Rongée par le chagrin, Kate plonge dans le désespoir et l’incompréhension. Pourquoi une adolescente en apparence si épanouie s’est-elle donnée la mort ? Mais un jour, Kate reçoit un SMS anonyme qui remet tout en question : « Amelia n'a pas sauté. » Obsédée par cette révélation, elle s'immisce dans la vie privée de sa fille et découvre, à travers les réseaux sociaux, les mails et les SMS d’Amelia, une réalité terrible, un véritable monde parallèle qu’elle n’aurait jamais pu imaginer.
Rongée par le chagrin, Kate plonge dans le désespoir et l’incompréhension. Pourquoi une adolescente en apparence si épanouie s’est-elle donnée la mort ? Mais un jour, Kate reçoit un SMS anonyme qui remet tout en question : « Amelia n'a pas sauté. » Obsédée par cette révélation, elle s'immisce dans la vie privée de sa fille et découvre, à travers les réseaux sociaux, les mails et les SMS d’Amelia, une réalité terrible, un véritable monde parallèle qu’elle n’aurait jamais pu imaginer.
Je ne
lis pas beaucoup de thriller, je n'ai donc pas trop d'exigences. Ce que j'aime avec
ce genre de livre, les thrillers, c'est me laisser prendre au jeu, et essayer
de comprendre ce qu'il s'est passé ! Avoir le cerveau qui « carbure »
et une seule obsession : tourner les pages. Avec Amelia, ça marche, mais non sans mal !
La forme
Quand on commence ce roman, on
peut être surpris par sa forme. Extraits de pages Facebook, échanges de
SMS : voilà le lecteur intrigué. Et puis vient la voix de Kate, la mère,
qui vit le drame et nous emporte avec elle rapidement pour savoir ce qui est
arrivé à sa fille Amelia. On tourne les pages, et enfin on écoute Amelia.
Le fond
Le nœud du roman, c’est donc un
drame : la mort d’Amelia. Et cela on le pressent même sans avoir lu la 4ème de couverture. Quelle surprise, donc, de lire qu’un policier dit : "Tout
va bien Madame " à Kate avant de lui annoncer la mort de sa fille ! Une
erreur peut-être. Il faut passer outre et poursuivre sa lecture pour comprendre
ce drame. On est moins agacé et ça y est, ça prend, on essaie vraiment d'imaginer ce qu'il s'est
réellement passé. Si la forme nous a surpris au début, finalement n’est-ce pas
logique de croiser les témoignages dans une enquête. Et cela permet de rythmer
le roman même si l’écriture est déjà suffisamment fluide.
On traverse des excès de pathos avec
le début du deuil de Kate, puis on l’accompagne tout au long de l’enquête. Mais
l’empathie totale est empêchée par des choses peu crédibles qui interpellent le
lecteur et ne le laisse pas aller à sa peine. Comment ne pas être ulcéré par
les parents de Kate qui ne vont pas voir leur fille immédiatement après la mort
d'Amelia mais seulement pour l’enterrement ! Choquant mais pas impossible
dans certaines familles... Est-ce pour dire la solitude de chacun au
XXIe ? Est-ce pour dénoncer les changements d’une société qui méprise la
famille ? Le trait est un peu
forcé, mais peut-être est-ce pour faire plus qu’un thriller, un livre avec une
réflexion…sociologique ? Et cela à travers une galerie de personnages plus
malmenés les uns que les autres par leur créatrice.
Le traitement des personnages
Les adolescents
Malheureusement, concernant les
personnages, les premiers agacements viennent aussi dès les premières pages.
D’abord les passages qui reproduisent les dialogues entre adolescents :
c'est un peu grossier, voire caricatural, ces phrases remplies de
"grave" ou "carrément", et les textos avec "L"
pour "elle", je ne savais même pas que ça se faisait...
De façon générale, dans ce livre
tous les adolescents sont des stéréotypes (beaux/méchants/riches) qui ne sont pas sans nous évoquer ceux des
séries télévisées.
Heureusement d’autres aspects
évoluent positivement. Le point de vue d'Amelia est de plus en plus intéressant
au fil du roman, ces passages sont de plus en plus doux à mesure qu'on va vers
sa mort. C’est très efficace pour s’attacher à ce personnage d’adolescente mal
dans sa peau, enfant non désirée, élève modèle mais de père inconnu, délaissée
par sa mère au profit de son travail, prise au piège des clubs de lycéens aux
jeux douteux, et en passe d’assumer sa sexualité. Même si ce point de vue du
mort a déjà été vu dans La nostalgie de
l’ange de Alice Sebold, ce procédé m’a plu. Tous les personnages
adolescents sont des stéréotypes sauf elle, à qui on donne la parole. Y a-t-il
ici un message ?
L’évolution du personnage de
Sylvia est aussi très intéressante. Au début, même si Sylvia et Amelia sont « meilleures
amies », les réflexions faites par la première à la seconde ne sont pas
sympathiques, elle est égoïste et Amelia ne peut jamais parler. Mais finalement
elle remplit son rôle et l'aide après sa rupture, elle ne se vexe pas vraiment
des secrets qui lui ont été cachés, et fait preuve d’une tolérance exemplaire.
Une amie géniale comme le dit Amelia... En fait Sylvia n'est ni populaire ni
heureuse en amour : sa fragilité explique ses erreurs. La relation dépeinte au
début est à l'image des relations qu’entretiennent beaucoup d’adolescents dans
la réalité (malheureusement), idem pour leur sexualité. Et leur promenade (un
peu trop pathétique) à travers leurs souvenirs le prouve.
Les parents
Ceux qui marquent le plus sont donc
les parents de Kate. Sa mère, malgré tous ses efforts n’a pu la convaincre
d’avorter, lui dit 15 ans plus tard, à la mort d’Amelia : "Tu vas enfin
avoir le temps de rencontrer quelqu'un ". Pour moi c'est sans appel :
L’auteur va trop loin. On s’interroge sur l’intérêt d’un tel personnage qui n’a
ni tact, ni délicatesse, peut-être même pas d’amour. Et ce père qui n'appelle
jamais ne change pas, pas même après la mort d'Amelia : ce sont donc des
monstres ! Ils sont beaucoup trop détachés pour que ce soit réaliste ! Et ce
sont donc les choix de l’auteur qui font réagir le lecteur, pas les attitudes
des personnages. Kimberly McCreight semble ici jouer avec nos représentations
en exagérant les défauts du couple parental. Dans quel but ? D'ailleurs
ils disparaissent au 3/4 du roman ce qui soulève une réelle interrogation sur
l'intérêt de leur présence. Une Kate orpheline suffisait à en faire un
personnage terriblement seul. L'auteur force le trait en lui donnant des
parents horribles... pour que l'on s'apitoie sur son sort. Ceci n’est pas
appréciable.
Kate n’est pas non plus une maman
irréprochable. Faut-il voir ici la volonté de faire du personnage principal quelqu'un
qui n'est pas parfait par souci de réalisme ? Pour éviter le stéréotype ? Pour
pointer du doigt la difficulté d'être maman et working woman ? Pour dire
ce qu'est une famille monoparentale ? Peut-être même pour défendre la
cause des femmes : voilà le prix de leur sacrifice pour être considérées au
travail. Je me dis cela avec le recul.
Les autres parents évoqués dans
ce roman ne semblent être là que pour couvrir leur progéniture en situation
délicate. Pas de nuances, pas de subtilités. Seule Kate, un peu trop tard,
réfléchit et regrette la mère qu’elle a été (et cela de façon très convenue). C’est
alors Amelia qui, en sort plus attachante.
On remarquera les nombreuses
figures maternelles évoquées, mais pas une positivement. Ça laisse songeur. Un
auteur ne peut pas créer un personnage avec des aspects antipathiques pour
rien.
Outre les parents, de nombreux
adultes, voisins, amis, proviseur, enseignants, sont présents. Aucun pourtant
ne sait prévenir le drame, et pour certains l’on découvre même des
comportements douteux.
Aucun adulte n’est fiable, l’auteur
leur règle bien leur compte. Ici elle prend le parti d’Amelia et des
adolescents en général.
Quelques points négatifs
Les erreurs ponctuent le roman :
comment un personnage dont on nous dit (une bonne dizaine de fois) qu'il tient
une bière dans chaque main, peut-il en "choper" un autre ? Parfois
c’est presque risible.
Il n’est quand même pas courant
qu'un inspecteur soit accompagné par la mère de la victime pour ses
interrogatoires, mais l’on est sceptique quand c’est Kate elle-même qui
dit : " Je vous présente l'inspecteur Lew Thompson. Il m'aide à
enquêter sur la mort d'Amelia."
Comment Liv, un des personnages,
peut-elle refuser de répondre aux questions d'un inspecteur de police ?
Le mot de la fin
La fin, la résolution, donc, est
une demi-surprise. On déterre bien le passé, on fait rejaillir des secrets, ce
qui est toujours plaisant pour le lecteur ! On a émis des hypothèses,
accusé à tort, bref ce roman nous apporte le divertissement voulu à hauteur
d’un bon épisode de série policière. La
réflexion la plus intéressante, celle sur le reflet de la société, on la mène
avec le recul. On regrette tout de même que les sorts respectifs des différents
personnages ne soient pas bien scellés à la fin. On a besoin de savoir que
chacun paie ses erreurs pour bien refermer le livre. Bien entendu, on n’échappe
pas à une touche de happy end. Pourquoi ce besoin de caser Kate dans
l'épilogue? Après une réflexion assez intéressante l’auteur semble conclure que
le bonheur est essentiellement dans l’amour. Ou alors lui offre-t-elle une
seconde vie.
Éditions Le Livre de Poche - Thriller - 567 pages
J'aime la même chose que toi : me torturer le cerveau avec un thriller, ne rien comprendre, chercher qui est le coupable, tourner les pages de plus en plus vite et finalement être surpris !
RépondreSupprimerBon dimanche.
Et n'est-ce pas la seule situation où l'on aime parfois aussi se tromper ?
SupprimerQuels titres me conseilles-tu Philippe ?
Bon dimanche également.
Bof, bof, voilà une lecture qui ne m'attire pas.
RépondreSupprimerIl y a des aspects intéressants mais c'est vrai que si l'on veut une lecture inoubliable, il vaut mieux passer son chemin.
RépondreSupprimerPour ma part je donnerais quand même sa chance au second roman de l'auteur : Là où elle repose.
À bientôt !
Moi j'ai aimé cette histoire, je vais le dire j'ai même adoré. Merci pour l'info de son second livre je vais noter ça ;-)
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