Mon résumé
: Shimura - San un japonais de 56 ans vit seul dans un grand
appartement qui
fait face aux chantiers navals de Nagasaki. N'ayant que son métier
de météorologue pour s'occuper la journée, il a pris de vieilles
habitudes de célibataire et, se rend compte de quelque chose
d'anormal se passe chez lui... En effet, il a l'impression que
certaines nourritures disparaissent de ses placards. Pour preuve, il y a
un yaourt de moins dans son frigo lorsqu'il rentre du
travail, la bouilloire a bougé, et le niveau de jus de fruits se
retrouve en dessous du trait qu'il avait fait sur la bouteille. Mais qui
peut bien vider ses placards de la sorte? Pour en avoir
le coeur net, il décide d'installer une webcam face à sa cuisine, et
surveille son appartement depuis le bureau de son travail....
Mon avis : Ce roman est tiré d'un fait réel relaté dans les journaux japonais en 2008.
Pour ne pas casser le suspens de ce récit, je ne vous dévoile pas
quoi ou qui a pu se servir dans les placards de Shimura - San.
J'ai beaucoup aimé le passage ou il commence à se poser des
questions. Ayant quelques doutes, il a eu le bon sens de tirer des
traits sur les niveaux de ses aliments : " J'ai attendu quelques
secondes, le temps que ma sonde s'imprègne de liquide, puis l'ai
retirée lentement. Je n'osais pas regarder. Huit centimètres, ai-je lu.
Il ne restait que huit centimètres de boisson, contre
quinze à mon départ... Quelqu'un s'était servi. Or je vis seul." Cependant, je peux déjà vous dire que ce petit manège a duré pendant un an avant qu'il n'ait l'idée de coincer
l'intrus(e) en installant une webcam : " Je comprenais que cette
année commune, à .... et à moi, même si .... m'avait ignoré et que je
n'avais rien su de...., allait me changer et que je
n'étais déjà plus tout à fait le même. En quoi, je n'aurais pas su
le définir. Mais je n'en sortirais pas indemne. " (j'ai remplacé le nom de cet(te) intrus(e) par des petits points pour
garder le suspens).
J'ai particulièrement aimé le passage ou il regarde avec obsession
l'écran de son ordinateur filmant sa cuisine. C'est à ce moment là que
le suspens est à son maximum et où on va en apprendre
davantage. "Sans bouger de mon siège, je suis un ninja invisible et immatériel qui épie son domicile"
Plus que le récit d'un fait réel, ce petit livre nous fait réfléchir
sur la solitude et ses conséquences : la déshumanisation de la vie. "La
Crise rend les hommes un peu plus seuls. Que
signifie encore ce nous qui revient à tire-larigot dans les
conversations? Le nous meurt. Au lieu de se regrouper autour d'un feu,
les je s'isolent, s'épient. Chacun croit s'en sortir mieux que
le voisin et cela, aussi, c'est probablement la fin de l'Homme"
Shimura -San vit très mal cette intrusion, mais nous verrons par la
suite l'avis de l'intrus(e) qui explique les raisons de cet acte qui
n'était en rien pour déstabiliser mais une façon de
revivre le passé : "On dit de certaines tortues de mer qu'elles
reviennent mourir sur la plage où elles sont nées. On dit des saumons
qu''ils quittent la mer et remontent pour frayer dans la
rivière où ils on grandi. Le vivant est gouverné par de tels
protocoles. Après avoir achevé un vaste cycle de mon existence, je
regagnais l'un de mes plus anciens biotopes" explique
l'intrus(e) et nous explique aussi toutes les précautions prises pour ne pas éveiller les soupçons : "Dans
la cuisine, aussi, je devais redoubler d'attention jusqu'à tourner en
bourrique. Le
plus souvent pour manger, j'allais me servir dans les poubelles à
l'arrière d'un libre-service du quartier, ouvert vingt-quatre heures sur
vingt-quatre, qui m'entretenait sans le savoir en jetant
des produits à peine périmés. Les jours de pluie torrentielle, ou
lorsque je ne me sentait pas bien, je puisais un peu dans les stocks de
mon hôte, me contentant de riz ou de pâtes. Je ne prenais
rien dont il aurait pu remarquer la présence. Presque rien.
Exceptionnellement, je succombais à la tentation d'un yaourt ou d'un peu
de jus de fruits. C'est tout. Avec le temps, j'ai fini par me
ranger à ses goûts, par les apprécier même."...
Un petit roman que je vous recommande vraiment. Et si quelqu'un
avait le double de mes clés et venait dormir chez moi la nuit quand je
suis au travail?!!!

Pour finir, je remercie Mélusine de m'avoir envoyé ce livre dont le résumé m'avait interpelée sur son blog et dont vous pourrez
lire son avis ici.
Édition Le Club - 108 pages - Littérature contemporaine inspirée d'un fait réel.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire
Laissez-moi une trace de votre passage!