Mon résumé
: ( ne pas lire cet article si vous
n'avez pas fini les tomes précédents : risque de révélations
importantes). Nous retrouvons Torunn qui vient de faire une macabre
découverte dans la porcherie. Son père, Tor, s'est donné la mort
après qu'elle lui ait révélé qu'elle n'était pas intéressée pour
reprendre l'élevage. Maintenant au pied du mur, Torunn doit vite
réfléchir à ce qu'elle souhaite faire : renoncer à
son passionnant travail d'assistante vétérinaire à Oslo ou continuer
l'élevage porcin à la ferme familiale? Si elle décide de reprendre,
pourra-t-elle rendre cette exploitation viable? Les frères
de Tor (Erlend et Margido) veulent-ils garder cet héritage
"empoisonné"? Vont-ils pouvoir l'aider financièrement?
Mon avis
: Le plus noir des trois volumes. Mais je l'ai autant apprécié que les
autres! D'ailleurs, en finissant
le second tome, je n'ai pas pu m'empêcher de lire le premier
chapitre de celui-ci dans la foulée pour savoir pourquoi les porcs
hurlaient à la mort quand Torunn est entrée dans la porcherie. La
noirceur est présente dès le début : Tor est décédé et il s'est
fait manger le nez et la main par sa truie préférée...
Torunn se sent coupable car c'est à cause de son refus de reprendre
l'exploitation que son père s'est suicidé. Elle va alors se dévouer
corps et âme pour s'occuper de la ferme et du "grand père".
Ses oncles essayent de l'aider à leur façon. Margido lui loue une
partie du hangar pour entreposer ses cercueils et Erlend a de grands
projets de rénovation pour cette ferme pour la grande
famille qu'il va former avec Jitte, Lizzie, Krumme, ainsi que leurs
trois enfants à naître : Ella, Leon et Nora.
On apprend donc que les fécondations in vitro d'Erlend et Krumme ont
fonctionné et qu'au lieu de deux bébés, il y en aura trois. Erlend
était persuadé d'avoir une fille et de l'appeler Eleonora.
Seulement les deux couples auront finalement trois enfants d'où la
décomposition du prénom en Ella, Leon et Nora. Comme dans le précédent
tome, j'ai beaucoup aimé le cheminement des deux couples
homosexuels qui se préparent à avoir des enfants. Erlend ma fait
toujours autant rire à cause de sa naïveté et de sa folie des grandeurs,
bien que son désir de paternité le rende finalement
très égoïste. Il ne pense qu'à ça et ne se soucie pas vraiment de
Torunn.
Ce dernier volet de la saga se consacre plus particulièrement aux
ressentis de Torunn qui est déchirée entre son ancien travail à Oslo,
l'élevage porcin de la ferme, et Kai Roger, l'aide agricole
avec qui elle pourrait peut être tenter sa chance pour une vie de
couple. Mais, trop de tristes événements à la suite vont petit à petit
la mener vers la dépression... Et le choix qu'elle va
finalement faire est très compréhensible..
Petit bémol pour moi pour la fin du livre car contrairement aux
autres volumes, il n'y a pas de rebondissement majeur et pas de
happy-end mais une fin banale et ordinaire qui semble nous indiquer
qu'il n'y aura pas de quatrième tome.
En un mot, je me suis encore régalée avec cette lecture et avec le
style de l'auteure. J'ai aimé suivre les parcours de chacun des
personnages. Le côté psychologie est très finement abordé et on
s'attache facilement aux protagonistes. Pour ma part, ce sont Torunn
et Erlend qui ont le plus retenu mon attention : Torunn par son
courage, sa volonté et sa combativité, et Erlend par sa
naïveté, sa folie des grandeurs et son égoïsme (on peut aisément
comprendre que le désir de devenir papa passe avant tout pour lui).
Cette saga familiale restera longtemps dans ma mémoire.
Extrait : (premier chapitre, lorsque Torunn découvre que son père s'est suicidé et que Kai Roger l'aide agricole arrive pour travailler).
Elle était au milieu de la cour lorsqu'il arriva. Les bras ballants,
elle le regarda garer sa voiture comme d'habitude, entre la grange et
la remise. A peine avait-il ouvert la portière qu'il
lança :
- Désolé, je suis un peu en retard. On a passé une bonne soirée, hier soir, hein !
- Désolé, je suis un peu en retard. On a passé une bonne soirée, hier soir, hein !
Elle entendit ses paroles, vit les contours de son corps, ses
gestes, dans la lueur gris sale du matin. Mais elle vit surtout qu'il
venait vers elle, et c'était indispensable, avant qu'elle ne
s'écroule, une question de secondes.
- Kai...
- J'arrive ! Cria-t-il.
- Kai Roger.
Il avait soudain entendu quelque chose dans sa voix, peut-être un sanglot, une façon de geindre, elle l'ignorait, mais son corps se figea un court instant, avant qu'il ne s'élance jusqu'à elle.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Mon père. Il... Je l'ai tiré dans l'allée centrale et j'ai refermé la porte de la loge, hors de portée de Siri.
-Mais qu'est-ce que...
- Il s'est suicidé. J'ai trouvé le flacon de comprimés. Ceux qu'on lui avait prescrits pour sa jambe. Et des bouteilles de bière, je crois. Je n'ai pas vraiment réussi à... Il est mort en tout cas. Et Siri, sa truie, a... je ne sais pas... le nez et plusieurs doigts...
Il passa les bras autour d'elle.
- Mon Dieu, Torunn.
Elle sentit le poids de ses bras, ferma les yeux et pensa à celui des chevilles de son père entre ses mains, à la botte qui avait glissé quand elle s'était mise à le traîner, au regard excité de Siri, au sang qui commençait à sécher autour de sa gueule, aux cris des autres porcs.
- C'est de ma faute, dit-elle.
- Torunn.
- Il a abandonné et c'est de ma faute.
Kai Roger relâcha son étreinte, tout en la prenant par les épaules et en l'écartant de lui.
- Regardez-moi !
- Non.
- Écoutez-moi, alors ! Je vais à la porcherie et je le ramène dans la buanderie.
Pleurait-elle ? Elle ne le pensait pas. Elle essayait seulement de sentir ses propres larmes, mais elle n'avait aucune sensation.
- Kai...
- J'arrive ! Cria-t-il.
- Kai Roger.
Il avait soudain entendu quelque chose dans sa voix, peut-être un sanglot, une façon de geindre, elle l'ignorait, mais son corps se figea un court instant, avant qu'il ne s'élance jusqu'à elle.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Mon père. Il... Je l'ai tiré dans l'allée centrale et j'ai refermé la porte de la loge, hors de portée de Siri.
-Mais qu'est-ce que...
- Il s'est suicidé. J'ai trouvé le flacon de comprimés. Ceux qu'on lui avait prescrits pour sa jambe. Et des bouteilles de bière, je crois. Je n'ai pas vraiment réussi à... Il est mort en tout cas. Et Siri, sa truie, a... je ne sais pas... le nez et plusieurs doigts...
Il passa les bras autour d'elle.
- Mon Dieu, Torunn.
Elle sentit le poids de ses bras, ferma les yeux et pensa à celui des chevilles de son père entre ses mains, à la botte qui avait glissé quand elle s'était mise à le traîner, au regard excité de Siri, au sang qui commençait à sécher autour de sa gueule, aux cris des autres porcs.
- C'est de ma faute, dit-elle.
- Torunn.
- Il a abandonné et c'est de ma faute.
Kai Roger relâcha son étreinte, tout en la prenant par les épaules et en l'écartant de lui.
- Regardez-moi !
- Non.
- Écoutez-moi, alors ! Je vais à la porcherie et je le ramène dans la buanderie.
Pleurait-elle ? Elle ne le pensait pas. Elle essayait seulement de sentir ses propres larmes, mais elle n'avait aucune sensation.
Une saga à lire de toute urgence!
La terre des mensonges
La ferme des neshov
Éditions 10/18 domaine étranger - Drame - 333 pages.
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