Mon résumé
: Au Texas, Isabelle, une vieille femme
blanche de 86 ans demande à Dorrie, sa jeune coiffeuse noire de
l'accompagner à l'autre bout des États-Unis pour assister à de
mystérieuses funérailles. Durant le long trajet de voiture la
vieille dame va petit à petit se confier à sa coiffeuse : quand elle
avait seize ans, elle a vécu une histoire d'amour avec Robert, le fils
de sa gouvernante. Mais à l'époque de la ségrégation
raciale, cette relation entre un noir et une blanche était
totalement interdite.
Mon avis : Julie Kibler s'est basée sur l'histoire de sa grand-mère pour écrire ce roman qui fut pour moi un coup de
coeur.
Les chapitres s'alternent sur la jeunesse d'Isabelle, et le parcours
des deux femmes à l'heure actuelle traversant les États-Unis pour
rejoindre Cincinnati ou auront lieu les funérailles. La
narratrice change à chaque chapitre : Isabelle avant, Isabelle ou
Dorrie maintenant. Ce n'est pas gênant car les chapitres sont clairement
identifiés et cela nous permet de voir le point de vue
des deux femmes sur les événements.
J'ai été touchée par la violence des réactions de la famille
d'Isabelle quant ils ont appris qu'elle sortait avec un noir (pire
encore, le fils de la gouvernante) et qu'elle s'était mariée en
cachette avec lui alors qu'elle n'était même pas encore majeure.
La manipulation de sa famille pour lui faire croire que Robert n'en a
plus rien à faire d'elle est elle aussi révoltante. Isabelle va alors
commencer une longue descente aux enfers de laquelle
elle ne se remettra jamais totalement même lorsqu'elle va rencontrer
Max qui deviendra son mari. Max sera d'ailleurs très compréhensif et ne
lui demandera jamais plus que ce qu'elle est capable
de lui donner. De cette union naîtra Dane, mais ce bébé sera un
déchirement de plus pour isabelle qui n'arrive pas à oublier son passé.
J'ai aimé les deux protagonistes de cette histoire. Isabelle car
malgré son grand âge, elle reste très distinguée, très coquette et
élégante et aussi par le fait qu'elle se confie à cette jeune
femme noire qui est la seule amie qui lui reste. Elle la prend
d'ailleurs un peu pour sa fille... Et Dorrie, d'une extrême gentillesse,
tiraillée entre son compagnon, son grand garçon qui lui en
fait voir de toutes les couleurs et l'histoire poignante d'Isabelle
qu'elle apprend petit à petit.
Les réflexions des gens qu'elles vont croiser sur leur route sont
parfois choquantes, et montrent bien qu'à l'heure actuelle, aux
États-Unis, les idées ségrégationnistes perdurent...
J'ai été happée par cette histoire et surtout j'avais hâte de savoir
de quelles funérailles il était question. Dès le début, le lecteur
pensera qu'il s'agit naturellement des obsèques de Robert,
mais ce n'est pas ça du tout.... Le suspens est resté entier
jusqu'au bout pour moi. Du coup, j'ai particulièrement aimé la fin de
cette histoire.
Si vous avez aimé "La couleur des sentiments" je pense que
vous aimerez aussi ce livre!
Extrait : "Lors de notre première rencontre, il y a une dizaine d'années, j'ai été odieuse avec Dorrie. Avec l'âge on oublie de maîtriser ses réflexes – ou on ne s'en soucie plus. Dorrie a cru que la couleur de sa peau ne me plaisait pas. Rien de plus faux. J'étais mécontente, c'est vrai, mais seulement parce que ma coiffeuse habituelle – on les appelle des « visagistes » de nos jours, ça fait plus chic – avait quitté le salon sans préavis. J'avais fait tout le chemin à pied jusqu'au salon – un réel effort à mon âge – quand la fille derrière la caisse m'avait annoncé que Theresa était partie. Tandis que je me contenais pour ne pas exploser de fureur, elle avait ajouté avec un sourire en coin : « Mais Dorrie a un créneau libre, elle pourrait vous prendre tout de suite. »
Dorrie m'avait aussitôt fait signe. À première vue, c'est vrai, j'ai été surprise – elle était la seule Afro-Américaine de l'endroit. Mais le problème n'était pas là. J'ai horreur de l'imprévu, des gens qui ne savent pas comment j'aime être coiffée, qui me serrent trop la blouse autour du cou et, surtout, des gens qui s'en vont sans prévenir. Il m'avait fallu une minute pour me reprendre, et cela avait dû se voir. À quatre-vingts ans déjà, je tenais à mes habitudes et plus je vieillis, plus j'y suis attachée. Alors, imaginez comment je suis à quatre-vingt-dix !"
Éditions France Loisirs - Drame - Historique - 448 pages
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