Mon résumé
: Tassie Keltjin est une jeune étudiante de 20
ans qui doit quitter Delacrosse, sa ville natale du Midwest , pour
aller étudier à Troie un peu plus loin. mais c'est la première fois
qu'elle quitte son village où ses parents cultivent des
pommes de terre bio pour aller en ville et découvrir les grands
magasins, les cinémas... Pour subsister et payer sa colocation, elle n'a
d'autres moyens que de chercher un petit job, et tombe par
hasard sur un travail de baby-sitter pour une enfant de deux ans
adoptée et métisse nommée Mary-Emma. Mais elle ne va pas tarder à se
rendre compte qu'en ville, le racisme et la cruauté
sont de mise....Parallèlement à ce baby-sitting, elle va tomber
amoureuse de Reynaldo, un jeune homme qu'elle a rencontré à la fac et
qu'elle croyait brésilien... Seulement, les
évènements post 11 septembre pourraient bien changer le cours de sa
vie...
Mon avis : Dans la première partie du livre, ou sont présentés les personnages, il ne se passe pas grand chose mais le
style et l'histoire nous portent et nous incitent à vouloir en savoir plus.
Tassie : la jeune fille d'une vingtaine d'années
encore étudiante, observe le monde dans lequel elle vit. Pour subsister,
elle trouve ce travail de baby-sitter chez Sarah et
Edward.
Sarah et Edward : Un couple ordinaire qui souhaite
adopter. Professionnellement très occupés, ils décident de faire garder
leur petite Mary-Emma par Tassie. On va voir par
la suite que ce couple cache un secret...
La famille de Tassie : Son père luthérien et
cultivateur de pommes de terre qui a d'ailleurs donné son nom à une
variété : Les Keltjin. Sa mère, juive et neurasthénique et son jeune frère très maladroit.
Reynaldo
: le jeune homme que Tassie rencontre sur les bancs de la fac et avec
qui elle va passer ses
journées accompagnée de Mary-Emma. Le jeune couple fait comme si la
petite fille était la leur mais tous les soirs, Tassie la ramène chez
ses parents. Elle croit que Reynaldo est brésilien mais
ne lui a jamais posé la question....
Ensuite, les événements se précipitent et l'histoire prend une autre tournure. "Car
tout le monde savait que tout était simple, sans complication : la
vie rebondissait sur les vitres comme un insecte et puis, un jour,
s’arrêtait net." Tassie se rend compte que
les apparences sont trompeuses et ne reflètent pas la réalité. Elle
va bien vite se rendre compte des faux-semblants et, petit à petit et
sans s'en rendre compte, tomber dans une sorte de
dépression.
Parlant
tour à tour, des préjugés, du racisme, de la difficulté de devenir
adulte, mais aussi de l'islamisme et de la
délicate situation des soldats envoyés faire la guerre en
Afghanistan (Car le frère de Tassie y est envoyé et n'en reviendra
malheureusement pas), ce livre est un regard critique et parfois
ironique sur la société américaine actuelle. (L'histoire se déroule
juste après les évènements du 11 septembre.)
Un très bon moment de lecture où, pour une fois, le personnage principal n'est pas une jeune fille blanche issue des beaux
quartiers, mais une jeune fille ordinaire fille de paysan.
Extraits :
Les cours ne débutaient pas avant la semaine suivante, mais je
sentais le semestre remonté à bloc et prêt à tirer comme une
kalachnikov. Le semestre du printemps, à la fois bien et mal nommé.
Tant qu'il n'avait pas commencé, je dormais jusqu'à midi, puis me
levais et me préparais une sorte de pitoyable baklava du pauvre : un
grand biscuit de blé complet sur lequel je versais du miel
et des cacahuètes écrasées. La cuisine était toujours à l'abandon.
Des nouvelles fraises avaient moisi dans le réfrigérateur, alors que
j'avais l'impression de les avoir tout juste achetées.
Cette fois, elles arboraient le gris turquoise d'un toit cuivré. Le
pain lui aussi était poudré d'une moisissure bleutée qui aurait fait une
ravissante ombre à paupière pour choriste - mais une
choriste ayant besoin de pénicilline. Un quignon resté plusieurs
semaines dans un sac en plastique semblait contenir un serpent de
moisissure aux taches orange et noire : le musée d'Art moderne
des Filles fauchées.
Ainsi se poursuivit ma longue incompréhension des langues romantiques (au lycée,j'avais un peu étudié l'allemand avec frau Zinkraub ; en haut de chacune de mes interrogations écrites, je dessinais des tanks avec, juché dessus, Hitler qui saluait ;j'avais essayé le latin, mais in situ, n'avais trouvé personne avec qui le parler - alors à quoi bon ? Du coup j'imaginais que conseco signifiait 'par conséquence'). Les langues romantiques m'échappaient de façon générale et particulière ; rien ne me semblait plus énigmatique et incompréhensible que le langage corporel de l'amour chez un garçon. Ce qui n'était qu'une grimace involontaire, je prenais ça pour de l'extase. La pulsion masculine naturelle de vouloir pénétrer, creuser, pousser, je considérais ça comme le désir tendre de se laisser envelopper avec douceur et, momentanément du moins, dominer par les attentions dévouées de quelqu'un d'autre. L'instinctif et urgent aller-retour d'un corps dans l'autre, je pensais que c'était le retour romantique de l'éternel amant. Embrasser n'était pas un appétit animal, mais le coeur qui, pour exprimer son attraction unique et profonde tendresse, volait jusqu'aux lèvres. Les trépidations de la jouissance, aussi involontaires que les râles de la mort, je voyais ça comme la déclaration d'un attachement désespéré. Pourquoi, je l'ignore. Je ne me percevais pas comme quelqu'un de sentimental. Je me considérais comme ayant l'esprit vif.
Éditions Points collection Cercle - 410 pages - Drame
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