Présentation
: Une sociopathe qui tue tous ceux qu'elle touche, un frappadingue qui
veut
réussir dans le roman sentimental, une stagiaire subissant un
harcèlement d'un nouveau genre, un dingue qui pense que John Wayne est
toujours vivant, une petite fille inquiétante, un gigolo qui
picole comme un trou, une femme humiliée et des philosophes
néo-kantiens qui s'étripent. Tels sont les personnages de ces huit
nouvelles dans lesquelles on oublie souvent que boire et fumer
nuisent dangereusement à la santé.
Mon avis : Je remercie vivement Condie Raïs de m'avoir contactée pour me proposer son livre en l'échange d'une critique.
Moi qui adore lire des nouvelles, je ne pouvais pas mieux tomber!
Apparemment c'est mon billet sur "Mon chien stupide" de John Fante
qui a
convaincu Condie de me contacter. En effet, et elle le dit dans son
livre, elle apprécie (entre autres) John Fante. Je me régale alors
d'avance de la lecture qui m'attend. Et je n'ai pas été
déçue! De l'humour noir, du cynisme, tout était là pour me faire
passer un agréable moment.
c2h4o2 est la formule chimique de l'alcool, et la consommation
excessive d'alcool d'un des personnages est le point commun entre
chacune de ces 8 nouvelles.
J'ai aimé le ton de l'écriture et de l'aplomb avec lequel Condie se
moque gentiment de certaines personnes notamment certains auteurs à
succès tels que Marc Levy et Guillaume Musso.
J'ai aimé 6 des 8 nouvelles. Les deux autres ("Eloge de John Wayne" et "métaphysique des mails") ne m'ont pas parlé.
Voici un bref résumé de chacune :
Maneater
: Une jeune fille se rend compte dès son plus jeune âge qu'elle a un
don étrange : tous les gens avec lesquels
elle a un contact tactile décèdent dans les deux à quinze heures
suivantes. Au début, elle prend d'infinies précautions avec tout le
monde, et ensuite, à l'âge adulte, elle en joue. Elle
rencontre des hommes sur Internet, a des rapports avec eux, puis les
suit quand ils rentrent chez eux pour voir de quel façon tragique ils
finissent. Ce don (ou handicap) a fait d'elle la plus
grande tueuse en série du net...
Pars vite mais ne reviens pas trop tard
: Cette nouvelle se moque gentiment de Marc Levy. il est ici décrit
comme un
auteur n'arrivant pas à exprimer ses idées sur papier. Sa jeune
voisine (qui n'est autre que Condie Rais) va alors l'aider à écrire ses
romans sentimentaux en écrivant la trame et en laissant le
soin à Marc Levy d'écrire lui même les descriptions. Elle va même
jusqu'à lui trouver un pseudo plus vendeur : Marc Mussaut (abréviations de Muscadet et sauterne!). Marc Levy profite
alors de la gloire de ses parutions grâce à sa voisine devenue sa "nègre".
Harcèlement
: Isabelle, une jeune employée se retrouve injustement licenciée à
cause d'un prétendu "harcèlement
littéraire" dont elle serait l'auteur. En effet, elle tente de faire
découvrir la littérature anglo-saxonne à son patron, lui troquant ses
livres de Marc Mussaut contre des John Fante ou
Bukowski. Ce dernier qui ne jure que par Mussaut, ne
comprend pas que l'on puisse lire des livres d'une telle vulgarité. Il
voit en Isabelle un être abjecte dénué de tout sentiment et la
vire...
--->Pour une jeune auteure, Condie Rais ne manque pas de cran
pour critiquer aussi violemment des auteurs tels que Marc Levy ou
Guillaume Musso!
Éloge de John Wayne : Une courte nouvelle retraçant la vie de l'acteur. Il est dépeint sous un jour très positif.
La petite fille qui n'aimait pas Noel
: Une jeune collégienne voit son père et sa mère sombrer
progressivement dans la dépression et l'alcoolisme. Elle ne tardera
pas à comprendre pourquoi... Mais elle n'est plus une enfant. Ses
parents auraient du lui dire la vérité.
Décadences
: Un escort boy accro à l'alcool et aux antidépresseurs, se retrouve
contraint de parler à la fille du couple
qui l'emploie régulièrement. Mais l'adolescente qui n'écoute déjà
pas ses parents ne risque pas de se faire imposer la loi par un homme
aux moeurs légères qui est payé par son père pour avoir du
bon temps avec sa mère. Cette famille pour le moins atypique
pourrait bien pousser notre dépressif à commettre l'irréparable...
---> Bien que le ton soit très cru et l'histoire très cynique,
cette histoire a été ma préférée. Je ne m'attendais pas à cette fin...
Prospérine la louve
: Seconde guerre mondiale : Prospérine est une jeune femme qui a été
chassée de son village en
subissant les pires humiliations en public. Son tort : elle est
tombée enceinte d'un soldat allemand. Quelque mois plus tard, elle
revient dans son village pour se venger...
Métaphysique des mails
: échange de mails entre deux collègues du département philosophie de
la faculté. Suite à de
petites incompréhensions, le ton monte entre les deux professeurs.
Comme quoi on peut être féru de philophie et en venir aux mains...
Pour vous procurer ces nouvelles et connaître tous ces personnages immoraux et politiquement incorrects, c'est par ici.
L'image que je retiendrai : Dans la nouvelle "Harcèlement", Isabelle parle du style de Marc Mussaut,
et elle ne mâche pas ses mots : " le style de l'auteur m'a fait
l'effet du raclement d'une pelle sur une surface granuleuse [...]
L'histoire pourrait se résumer en 5 lignes et aucun
personnage ne peut entrer dans une pièce sans que le narrateur nous
inflige la description des murs, du parquet, de la moquette ainsi que de
tous les objets et accessoires qui traînent dans le
coin..."
Auto-édition - Nouvelles - 160 pages
Aucun commentaire:
Publier un commentaire
Laissez-moi une trace de votre passage!